La peinture Académique (1.le Classicisme : première partie)

Le classicisme 1La peinture académique
(1. le classicisme : première partie)

Définition : Notion de perfection, celle d’un modèle tiré de l’Antiquité, celle enfin d’une conformité à établir cette perfection par un corpus normatif qui suppose des règles. Le terme latin  « classicus » signifie : qui appartient à la classe supérieure des citoyens. Les meilleurs auteurs ont longtemps été ceux de l’’Antiquité.  Classique signifie d’’abord « qui fait référence à l’’Antiquité » et par extension, il voudra dire « qui fait autorité », dont la valeur est reconnue par tous. Ainsi, Pierre Larousse dans son article de 1863 au « Grand Dictionnaire Universel en 17 volumes » présente, pour la première fois ce mot « Classique » par « le Latin et le Grec sont nos langues classiques ». Les trois connotations du mot sont alors conjointes :  classique parce qu’antique ; parce qu’’au sommet de la hiérarchie des valeurs ; parce qu’’enseigné dans les classes. À cet égard, le classicisme s’’oppose au baroque, qui le précède (quoi qu’ils s’entremêlent souvent artistiquement), comme aux Lumières et au romantisme, qui le suivent.

Le classicisme est le mouvement pictural qui mettra en scène tous les ingrédients de la peinture dite « académique ». Communément, il débute vers 1650 pour se mettre « en pause (ou évoluer) » au niveau des années 1750.  Ce classicisme choisit les sujets nobles et de préférence inspirés de l’antiquité ou de la mythologie gréco-latine : la composition et le dessin doivent primer sur la couleur, le concept sur la séduction des sens. C’est en quelque sorte un retour aux sources après la période chaotique du baroque. Le 1er février 1648, le peintre Charles Le Brun, alors âgé de vingt-neuf ans, donne la première conférence publique de la nouvelle Académie, devant un large auditoire d’artistes et d’amateurs d’art (qui ont longtemps refusé cette forme de double tutelle, d’abord « corporatiste », puis ici : « institutionnelle ». Cette conférence introduit une méthode entièrement nouvelle d’enseignement des Beaux-Arts, elle met l’accent sur un important héritage artistique. La démarche de l’Académie repose essentiellement sur un concept moderne, dont les mots clés sont simplicité, grandeur, harmonie et pureté. Cependant, cette esthétique nouvelle revendique pour modèles les œœuvres de l’antiquité gréco-romaine et tire une grande partie de son origine  à Bologne, la ville culturelle incontournable où naissait en 1585 l’Académie des Carrache. L’Académie française se compose alors de deux sections : l’Académie de peinture et de sculpture, et l’Académie d’architecture. L’anatomie, la géométrie, la perspective et l’étude d’après le modèle vivant, constituaient les bases de l’enseignement préparatoire à la peinture et à la sculpture « académique ». Cette Académie fut bien sûr avalisée et dirigée par Louis XIV et Mazarin  dans le noble but de garantir aux peintres et sculpteurs le statut d’artiste qui leurs était alors contesté. Notons que les femmes n’y ont été admises qu’en 1897 (c’est-à-dire durant la deuxième vague de l’académisme dite « néo classicisme »).

Il faut souligner que, si le classicisme est défini en France comme un art découlant de la volonté absolutiste, les premiers maîtres reconnus du classicisme dans la sphère picturale sont atypiques : Nicolas Poussin (1594-1665) ou bien, Claude Gelée (1600-1682) dit le Lorrain, ont fait carrière à Rome ! Quant à Philippe de Champaigne (1602-1674), s’il fut sous Louis XIII et la Régence un peintre proche du pouvoir, son rapprochement envers le jansénisme (gauchisme exacerbé) persécuté par Louis XIV l’éloigne, à la fin de sa vie, et du souverain et de l’Académie elle-même. En France, c’est entre 1630 et 1640 que se formera rétrospectivement la doctrine « classique » en peinture. Cependant, certains prennent en compte des débuts bien plus postérieurs, mais quoi qu’il en soit, cette période classique est celle qui communément coïncide avec la monarchie absolue de Louis XIV. Des peintres comme Georges de La Tour et Louis Le Nain marquèrent également les prémices du classicisme dans la peinture française. Mais ce fut Nicolas Poussin qui donna la grande impulsion à ce mouvement dans une œœuvre où l’’esthétique antique s’’accordait à des sujets «sérieux», le plus souvent mythologiques : « Orphée et Eurydice » déclarée peinte vers 1630 et « les Bergers d’’Arcadie » déclarée peinte vers 1637-1639 (des bergers idéalisés de l’Antiquité classique, rassemblés autour d’une tombe austère). En 1666, Colbert fonde l’Académie de France à Rome. Elle accueille les jeunes artistes français et leur permet d’étudier sur place les grands modèles classiques. Pourquoi à Rome ? Parce qu’il s’agit de la capitale des Arts, on y trouve notamment  les vestiges de l’antiquité et de la Renaissance. C’est aussi une ville de grands mécènes, dont « la papauté ».

En Italie, le mouvement « classique » (académique) débute bien plus tôt (comme cité ci-dessus), puisque c’’est le peintre italien Annibale Carrache qui fonde dès 1582, une Académie de peinture à Bologne pour rompre avec les débordements du maniérisme (fin de la Renaissance) et s’’opposer au caravagisme (utilisation de contrastes de Lumières et de couleurs à l’intérieur d’une dominante sombre conférant une puissance d’émotion aux peintures, mais qui remettent en cause des siècles de « manière claire »).  Carrache impose aux peintres qui fréquentent cette Académie une formation de l’’esprit avec les écrits d’’Aristote, l’’étude des grands maîtres de la peinture italienne : Raphaël, Michel-Ange, Titien et l’’observation de la nature par la pratique du dessin, d’après le modèle vivant pour en saisir l’’expression et la forme. L’’art des proportions, de la perspective, des mathématiques, du modelé par les ombres et des effets de raccourci complète cet enseignement (voilà qui est totalement académique vous en conviendrez). C’est pour cela que l’apport des frères Carracci au style baroque pur est nettement moins pertinent que celui du Caravage et, qu’en fait, les frères Carracci posent davantage des jalons en faveur d’un art académique que baroque !

Ainsi, le classicisme défini au sens le plus large est une tendance de l’’art qui recherche un idéal de perfection à travers l’’ordre, les proportions, l’’équilibre et la rigueur… Voltaire à propos du « classicisme » avait cette image « le grand goût dont toute l’Europe devait s’inspirer ». La mesure l’’emporte sur l’’excès, la raison sur la sensibilité. On peut parler de classicisme pour qualifier certaines périodes artistiques où dominent cette recherche de la forme parfaite. L’’art de la civilisation gréco-romaine, plus particulièrement l’’art des Ve et IVe siècles avant Jésus-Christ, à Athènes reste la référence classique par excellence pour l’’art occidental. L’’idéal grec associe le beau et le bon et l’’imitation de la nature dicte les lois de beauté, de clarté et d’’harmonie. L’’art s’’entoure d’’un certain nombre de règles et de préceptes que cherchent à retrouver les artistes de la Renaissance italienne à partir du XVe siècle. Le classicisme de la renaissance italienne repose dans cette inspiration des principes antiques et dans la recherche de l’’harmonie des formes. Raphaël (1483-1520) serait donc le premier peintre « académique » qui aurait initié, sans s’en soucier, ce mouvement pictural. Pour résumer brièvement, le classicisme se caractérise par la recherche de la beauté idéale dont les canons esthétiques sont ceux de l’’Antiquité grecque et romaine.
Dans un sens nettement plus restreint, le classicisme français désigne l’’art qui s’épanouit sous le règne de Louis XIV. Il hérite à la fois des enseignements des modèles antiques mais aussi des maîtres de la Renaissance et prône le respect et l’’imitation des Anciens. Le classicisme français s’’entoure de règles et se théorise : l’’Académie royale de peinture va désormais réglementer la production artistique (sens des proportions, le goût des compositions équilibrées et stables, la recherche de l’harmonie des formes, une volonté de pudeur dans l’expression, une traduction fine et nuancée de sentiments éternels transposés par la perfection d’un art. Ajoutons le sens de l’austérité et de l’ordonnance, ce qui implique un réflexe de méfiance à l’égard de tout ce qui est instinctif, primaire et non contrôlé, etc) ! Pour en comprendre les préceptes, on peut aussi comparer cette période à d’autres styles plus modernes : la caractéristique de l’art académique (via le classicisme et le néo-classicisme, qui lui fait suite) réside à la fois dans le fini des éléments peints très figuratifs et dans leur degré de précision, cette conception se trouve à l’opposé de la théorie moderne où tout tend à s’abstraire et à se suggérer avec une finition souvent très secondaire. Au XIXe siècle, la culture générale, réservée au faible pourcentage d’une classe d’âge qui possède le privilège de fréquenter les lycées, reste fondée pour une part essentielle sur les « humanités », à savoir l’apprentissage des langues anciennes, à travers lequel s’opère une imprégnation que l’historien Ernest Lavisse, qui conçut les plus célèbres manuels scolaires de l’époque, décrit en ces termes : « J’ai le sentiment d’avoir été élevé dans un milieu noble, étranger et lointain. J’ai vécu à Athènes au temps de Périclès, à Rome au temps d’Auguste… »

Le rayonnement du classicisme

Tandis que l’ensemble de la France s’ouvre aux critères artistiques parisiens et versaillais (les villes de province tentent d’obtenir leurs projets de la capitale, leurs artistes s’inspirent le plus possible des modèles parisiens), l’Europe de l’Ouest, y compris les pays politiquement opposés à la France, imite l’art et le mode de vie de la cour de Louis XIV. En réussissant la synthèse entre les traditions nationales et les formules romaines, le classicisme français assure son expansion dans toute l’Europe.

Caractéristiques essentielles du classicisme:

  • La peinture classique incarne un idéal de beauté à travers des sujets nobles comme la religion, les figures héroïques, les victoires, la pureté des femmes et la mythologie grecque.
  • Affirmer la primauté du dessin sur la couleur, de la symétrie et de la clarté de la composition sur le mouvement
  • Approfondir l’étude du nu, de l’anatomie
  • Respecter la « hiérarchie des genres » : ceci considère la peinture d’histoire comme le « grand genre », y prennent place les tableaux à sujets religieux, mythologiques ou historiques qui doivent être porteurs d’un message moral. Viennent ensuite, en valeur décroissante : les scènes de la vie quotidienne (dites « scènes de genre »), les portraits, puis le paysage et enfin la nature morte. A cette hiérarchie des genres correspond une hiérarchie des formats : grand format pour la peinture d’histoire et petit format pour la nature morte.
  • Réaliser des œœuvres « achevées » : Pour cela leur facture doit être lisse et la touche non visible. Ingres déclare alors : « La touche, si habile qu’elle soit, ne doit pas être apparente, sinon elle empêche l’illusion et immobilise tout. Au lieu de l’objet représenté elle fait voir le procédé, au lieu de la pensée elle dénonce la main ».
  • Imiter les anciens, imiter la nature.
  • Nature maîtrisée, idéalisation. Elle symbolise le triomphe de la raison sur le désordre des passions. Ordre et mesure, clarté, et harmonie sont ses maîtres mots.
  • Esthétiquement, le mot « Classique » utilisé à propos des canons de la beauté sous la Renaissance détermine une forme parfaitement définie d’après le sacro-saint modèle antique gréco-romain. Observation de la nature, l’art de la perspective, du modelé parfait, de l’anatomie rigoureuse, gestuelle savamment organisée, expressivité des visages conventionnelle… Le classicisme est linéaire : il privilégie le dessin, donc la netteté des contours, contre l’enchaînement des formes et le traitement privilégié des matières ou des effets de couleurs et de lumières ou encore le jeu de la touche (caractéristiques de l’art baroque), qu’il préfère gommer par une facture lisse et sans défaut. Le peintre classique accorde une grande importance à la construction de l’espace par plans successifs : il dispose des architectures selon les règles de la perspective linéaire ou scande l’espace par des plans parallèles, où les motifs sont à chaque fois plus petits. Il évite les diagonales et spirales des œœuvres baroques qui conduisent le regard de l’’avant à l’’arrière.
  • L’’art classique entend renouer avec l’’Antiquité, il se veut aussi un art d’éternité. Les figures sont donc sinon vêtues à l’’antique, du moins drapées de tissus qui n’’appartiennent à aucun temps. Les jambes, les bras, une épaule apparaissent mais le peintre classique déshabille beaucoup moins ses figures que le peintre baroque. Dans certains portraits seulement, le costume contemporain réapparaît. Les personnages sont idéalisés, les contours sont fermement dessinés, la pâleur de la chair (des femmes surtout), leur ferme modelé les rendent semblables à des statues antiques. Le peintre classique évite les attitudes outrées et celles qui, uniformément évoquent le mouvement. La grandeur des personnages est signifiée par des poses stables ou des mouvements plus statiques que dans l’’art baroque. Les gestes sobres et discrets sont l’’expression des passions et des émotions et les mains par exemple peuvent jouer un rôle essentiel dans la transmission du sens. Aristote les avait comparées à l’’âme car elles étaient comme elle « instrument d’instruments », c’’est à dire ordonnatrices.

Historiquement concrétisé par :

  • Création en France en 1648, (à l’instigation de Charles le Brun), de  l’Académie Royale de Peinture et de Sculpture sous la protection de Mazarin. L’Académie élabore les règles de l’art et du bon goût, hiérarchie très stricte, monopole sur les arts, dont beaucoup de similitudes se retrouvent dans l’esprit de l’École italienne de Bologne.
  • En 1666, Colbert fonde l’’Académie de France à Rome. Prix de Rome et séjour des lauréats à l’Académie de France à Rome à partir de 1666. Les membres de l’Académie exposent très irrégulièrement à partir de 1667, puis tous les deux ans à partir de 1737 au Louvre dans le salon carré qui deviendra le Salon.
  • Les chefs de file de l’académisme français : Le Brun Charles (1619 – 1690), Nicolas Poussin (1594 – 1665) et  Claude Gellée (dit Le Lorrain). Membre fondateur de l’Académie royale de peinture et de sculpture, Le Brun fixera les règles stylistiques de la peinture et de la sculpture classique en France. Par la suite, Hyacinthe Rigaud (1659 – 1743) représentera cet Art voué à l’Absolutisme. Parmi les fondateurs du classicisme, on peut mentionner pour mémoire, les peintres : Annibale Carrache (1560 – 1609), Guido Reni ( 1575 – 1642), Domenico Zampieri, dit Le Dominiquin ( 1581 – 1641) ou Philippe de Champaigne (1602 – 1674).

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PS. Pour des raisons pédagogiques et chronologiques, la suite de ce sujet « l’Académisme » se retrouvera dans une section désignée « La peinture académique (tome 2. Le néo-classicisme ») qui assure le relais de ces préceptes artistiques qui se prolongent de 1750 à environ 1830, voire jusqu’en 1880…

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Peintres représentatifs du classicisme
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Annibale Carracci (Annibal Carrache)

Est né à Bologne (Émilie-Romagne) en 1560 et mort à Rome en 1609. Considéré dès le XVIIe siècle comme opposé au Caravage, il utilisa en effet un style différent pour, comme lui, mettre en application le Concile de Trente. Travaillant en général avec son frère Agostino et son cousin Lodovico. Fils d’un tailleur, Annibale est le plus talentueux des trois peintres de la famille Carracci. Il commence sa formation en travaillant sur des fresques ornementales avec son frère Agostino et son cousin Ludovico dans plusieurs palais de Bologne. Ses premières œœuvres de genre, « Un joueur de luth » et autres études, probablement réalisées en tant qu’exercices d’atelier, sont remarquables par leur naturalisme audacieux. L’artiste y manipule la lumière et les couleurs et utilise des touches rapides pour capturer ses premières impressions. Les voyages que le jeune Annibale fait à Parme et à Venise dans les années 1580 l’aident beaucoup à développer son talent.
Il connut de son vivant une grande renommée, et donna naissance à une nouvelle conception de la peinture, faisant définitivement basculer cet art du maniérisme au XVIIe siècle (naissance du classicisme). La fondation de l’’accademia degli incamminati par les Carrache est un évènement majeur pour l’art. En effet, cette institution n’est pas un simple bottega, une réunion d’artisans, comme on en trouve à la renaissance, mais elle regroupe aussi des médecins, des astronomes, des philosophes, dans le but de créer des artistes cultivés. L’accademia devient une véritable école, où les élèves apprennent à dessiner d’après le nu et des modèles célèbres, et une institution culturelle, qui permet la conception et la diffusion d’une théorie et d’un style artistiques novateurs. La doctrine de l’’académie se résume en trois points : le retour à l’’étude de la nature, l’étude des grands maîtres du passé et l’étude de l’’antique, tout ceci s’inscrivant dans une recherche du « beau » idéal. Ces principes seront repris par les artistes de l’école de peinture de Bologne et, pendant plus de deux siècles et demi, surtout en France.
La classification de Carrache est assez difficile. Le peintre est en effet à la fois baroque, dans l’illusionnisme, l’exubérance des formes, la composition foisonnante et classique, de par sa mise en page équilibrée, son dessin net, la qualité sculpturale de ses personnages. On doit plutôt lui reconnaître un certain éclectisme, sans lui nier un style personnel, plutôt que de tenter de l’enfermer dans une catégorie. Toutefois, son œœuvre évolue nettement vers le classicisme au fil du temps.

couronnement de la vierge 1596
Couronnement-de-la-Vierge-1596

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Domenico Zampieri (1581-1641) dit Le Dominiquin

Est né le 21 octobre 1581 à Bologne, mort le 15 avril 1641 à Naples. Fils d’un cordonnier, en apprentissage auprès de Denis Calvaert à Bologne, ce dernier l’ayant surpris à copier des gravures d’ Agostino Carracci, le chassa de son atelier en 1595. Il devint ensuite l’assistant d’Annibal Carrache en 1602. L’un des chefs-d’oeuvre du Dominiquin, ses fresques des scènes de la vie de Sainte-Cécile à la Chapelle Polet de Saint-dei-Louis des Français, furent commandées en 1612 et achevées en 1615 et seront comparées à la Transfiguration du grand Raphaël comme l’un des plus beau tableau du siècle. On pense souvent que le Dominiquin n’a pas fait preuve d’invention dans son art, mais il s’est placé, par son dessin exact et expressif, par ses coloris vrais, au premier rang après Raphaël, le Corrège et le Titien. On estime surtout ses peintures à fresque. Admirateur de l’art de Raphaël, son style s’affirme dans la réalisation de retables (Communion de Saint Jérôme, pinacothèque du Vatican) et de fresques (Villa Aldobrandini, Frascati ; Vie de Saint Nilo et Bartholomé, abbaye de Grottaferrata ; église Saint-Louis-des-Français, Rome), caractérisé par une évocation apaisée et lumineuse de l’art de la Renaissance.

a Sibyl
Le Dominiquin « A-Sibyl »

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Guido Reni (1575-1642) dit le guide

Est un peintre et décorateur italien né à Bologne en 1575 et mort à Bologne en 1642 ; il appartient à l’ école de Bologne. Proche de l’ académie des Carrache à Bologne puis de Raphaël, sa peinture est avant tout celle d’une sensualité élégante, qui n’exclut pas la religiosité : en effet, le Vatican lui passa plusieurs commandes, dont les fresques du palais Quirinal. Son style est celui du baroque évoluant vers le classicisme.

magdalena Guido Reni
Guido-reni Repentant Magdalena-1626

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Nicolas Poussin

naît à Villers en 1594, il meurt en 1665 à Rome. Très tôt il va développer un goût certain pour la peinture. Sa famille désapprouve son choix de vie. Nicolas Poussin ne se sentant pas soutenu il s’enfuit à Paris en 1612, alors qu’il n’a que 18 ans. Après une période d’’errance d’’atelier en atelier, Poussin participe à la décoration du Palais du Luxembourg avec Philippe de Champaigne, sous les ordres de Nicolas Dushene. Nicolas Poussin devient finalement célèbre en 1623 grâce à la réalisation de six tableaux sur « la vie de Saint Ignace de Loyola », pour les jésuites.
En 1624, il arrive en Italie, il vit alors péniblement pendant quelques années ne vendant ses œuvres que quelques écus. Puis il obtient la protection du Cardinal Barberini ( collectionneur et mécène). Il va beaucoup s’inspirer des œœuvres de Raphaël et Titen. Il réalise pour Saint Pierre de Rome « Le Martyre de Saint Erasme » (1628-1629). En 1629, il se marie avec Anna-Maria Dughet. Mais Poussin se fait rappeler à Paris en 1640 par Louis XIII et le Cardinal Richelieu afin de participer à la rénovation du Louvre. Nicolas Poussin leur offre alors « Le Triomphe de la vérité ». En 1641, il est nommé premier peintre du roi.
De retour en 1642 à Rome, Poussin réalise quelques tableaux mythologiques ( « Orphée et Eurydice », « Orion aveugle », « Les Bergers d’Arcadie » ) et bibliques ( « Les Quatre Saisons » 1660-1664). C’est une gloire européenne.
Poussin s’’impose donc comme le maître du classique du XVIIème siècle, il est même surnommé le peintre-philosophe. Premier peintre français à obtenir une renommée internationale ces principales sources sont la religion et la fable. Ainsi, il met en évidence une certaine sensibilité à la beauté de la nature comme à celle du corps.

Poussin "Orféo et Euridice" 1651
Orfeo-et-Eurydice-1651

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Charles Le Brun

Il naquit le 24 février 1619 à Paris, fils d’un sculpteur, qui lui enseigna son art.  Charles Le Brun  développa très tôt des dispositions pour la peinture ce qui le fit remarquer auprès du  Chancelier Séguier, qui décida de le prendre sous son aile. En 1633, grâce à son protecteur, il travailla à l’atelier de Simon Vouet, qui devint son maître, et eut comme condisciples Pierre Mignard, André Le Nôtre et Eustache Le Sueur (avant de quitter Simon Vouet pour Nicolas Poussin). En 1642, Charles Le Brun étant déjà reconnu à Paris pour son grand talent, décida de partir pour Rome en compagnie de Nicolas Poussin, attirés tous deux par l’antiquité, l’art italien et leurs grands peintres. En 1646, il revint à Paris après son séjour initiatique à Rome, et dès son arrivée, la corporation des orfèvres lui commanda une toile  » Le martyre de Saint-André  » pour la Cathédrale Notre-Dame. En 1648, il demanda au conseil de Régence de l’autoriser à fonder une académie Royale de Peinture et de Sculpture, à l’exemple de ce qu’il avait vu à Rome et qu’il souhaitait refaire à Paris. Le Cardinal Mazarin accepta, et nomma Le Brun secrétaire de l’Académie. Les débuts de l’Académie ne furent pas à la hauteur des espérances de Le Brun et la corporation des Peintres ne le suivit pas comme prévu, mais l’Académie continua tout de même à fournir théories et pratiques.

Charles Le Brun développa sa réputation en réalisant de grandes peintures, comme la célèbre  » Apothéose d’hercule « , et en composant de somptueux décors du château à Vaux-le-Vicomte de Nicolas Fouquet, surintendant de Louis XIV. Ce fut ainsi que le Cardinal Mazarin s’intéressa à lui et décida de le présenter au Roi Louis XIV.  À  partir de 1661, Charles Le Brun commença les faramineux travaux de décoration du château de Versailles à la demande de Louis XIV. Il eut sous ses ordres de nombreux peintres et sculpteurs, dont les plus célèbres d’entre eux, Pierre Puget et Michel Augiers. En 1663, l’Académie commença à prendre de l’ampleur, grâce au remaniement de Colbert. Charles Le Brun y fut nommé Directeur, et il y rédigea un traité  » L’Expression des Passions  » donnant des instructions de styles et genres de peintures. Ayant toute la confiance de Colbert et de Louis XIV, il fut nommé également Directeur de la Manufacture des Gobelins et du Mobilier Royal. Charles Le Brun y légua par la suite de nombreuses esquisses et tapisseries, telles que sa célèbre  » Histoire d’Alexandre « . Il devint également maître d’oeuvre des grands travaux d’Art de la Couronne, ayant ainsi des centaines d’artisans et d’artistes sous ses ordres.

Le 1er juillet 1664, Charles Le Brun devint premier peintre de Louis XIV et fut anobli par la suite. En 1671, Charles Le Brun  entame les travaux du Grand appartement de Versailles, il en conçut les plans et les décors en s’inspirant de la mythologie et de l’art italien, dont raffolait également  Louis XIV. Les travaux furent terminés dix ans plus tard, en 1681. Ce fut un chef-d’oeuvre de splendeurs et d’éblouissements tout en l’honneur du  Roi Soleil, dont l’emblème émergeait de partout dans les sept salons que formait le Grand appartement. De 1678 à 1684, Charles Le Brun décora la splendide galerie des Glaces du château de Versailles en y illustrant les campagnes militaires de la guerre de Dévolution (1667-1668) et celle de la guerre de Hollande (1672-1678), toujours à la gloire du Roi Soleil. Le Brun mit ainsi l’Art au service du pouvoir et des grandes institutions, inventant de ce fait, un nouveau style  » L’Art Officiel « . Atteint de la maladie de langueur et sentant ses derniers moments arriver, il demanda à être amené à la manufacture des Gobelins, qu’il considérait sienne, et y mourut le 12 février 1690 à l’âge de soixante-dix ans.

Charles le Brun Pierre Séguier

Pierre Seguier-en-1660

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Claude Gellée (1600-1682) dit Le Lorrain


Est un peintre français. Il perd ses parents à 14 ans et part à Rome pour y travailler comme cuisinier auprès d’un peintre : Agostino Tassi. Outre s’occuper de la cuisine, Claude Gellée broie les couleurs du peintre et voit son maître peindre. Il va même s’essayer à la peinture et se faire remarquer par Agostino Tassi qui va l’initier. Sa carrière se déroule à Rome après des voyages à Naples, en France, en Suisse. Dans un premier temps, il reçoit des commandes du pape Urbain VIII. Dans ses toiles, la lumière prend une place importante (Marine, 1634 ; Port de mer au soleil couchant 1639). Par la suite, Claude Gellée s’inspire de la mythologie ou de la bible (Bord de mer avec Apollon et la sibylle de Cumes, 1647 ; Mariage d’Isaac et Rebecca, 1648). En 1663, il tombe gravement et mène alors une vie très modeste.
Éminent représentant du classicisme au même titre que Nicolas Poussin, le Lorrain est l’un des maîtres de la peinture de paysage au XVIIe siècle. Dans ses compositions de vedutes (mot italien qui signifie « vues ») romaines, de scènes mythologiques ou religieuses, il est parvenu à saisir les atmosphères lumineuses d’une nature lyrique dans laquelle s’épanouit sa maîtrise de la perspective.

Ulysse remet Chryséis à son père, v. 1644. H. : 1,19 m. ; L. : 1,50 m. Musée du Louvre, Paris

Ulysse remet Chryséis à son père, v. 1644. H. : 1,19 m. ; L. : 1,50 m. Musée du Louvre, Paris

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Philippe de Champaigne


Il est né à Bruxelles, le 26 mai 1602, décédé à Paris le 12 août 1674. C’est un peintre français. En 1621 il s’arrête à Paris alors qu’il souhaitait aller à Rome. Il intègre l’atelier de Lallemand pour le quittait 4 plus tard pour se mettre à son compte. Il est appelé par l’intendant de Mairie de Médicis pour participer à la décoration du Palais du Luxembourg avec Nicolas Poussin. Champaigne y peint plusieurs fresques. Il décore aussi le Carmel du Faubourg Saint-Jacques détruit pendant la Révolution française cependant plusieurs œœuvres ont été conservées (Présentation au temple à Dijon, Résurrection de Lazare à Grenoble, Assomption de la Vierge au Louvre). Il devient le seul peintre autorisé à représenter Richelieu dans ses habits de cardinal (11 toiles). Il décore le Palais-Cardinal, le dôme de la chapelle de la Sorbonne, l’église de Saint Germain de l’Auxerrois, fait des tableaux pour Notre Dame de Paris. Il est promu premier peintre de la reine grâce à son talent. En 1648, il est reçu membre fondateur de l’Académie royale de peinture et de sculpture. Dés 1654, son œœuvre se tarit face à la concurrence de Charles Le Brun avec qui il participe à la décoration des Tuileries.

http://www.bjl-multimedia.fr/real_tv/Philippe-de-Champaigne_The-Marriage-of-the-Virgin-1644.jpg
The-Marriage-of-the-Virgin-1644

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Georges de La Tour

est né à Vic-sur-Seille le 14 mars 1593, fils de boulanger, Jean de la Tour dit « l’architecte », et de Sibylle de Crospeaux, issue également d’une famille de boulangers. C’est le héros le plus mystérieux de l’histoire de l’art. Peintre à succès sous Louis XIII, il tomba dans l’oubli pour renaître au XXè siècle.
Peintre-débutant, il fit la rencontre des maîtres hollandais Honhorst et Terbrugghen lors d’un voyage en 1616. Son mariage avec Diane de Nerf, membre d’une grande famille de Lunéville, à Vic-sur-Seille en 1617, lui permet d’entrer toute la noblesse lunévilloise. Il s’installe à Lunéville en 1620, afin d’y exercer ses activités artistiques. A cette époque, la guerre de 30 ans vient de débuter. De la Tour est soupçonné de spéculation sur le grain. Il devient, en tout cas, l’un des bourgeois les plus riches de la ville, et déménage à Paris en 1639, par prudence, lorsque les combats se font plus violents. A son retour à Lunéville, il se présente sous le titre de « peintre particulier du Roi ». Dans les faits, il a rencontré Louis XIII lors de son séjour à Paris, et lui a donné le « Saint Sébastien dans une nuit », lequel sera exposé dans la chambre du Roi. A plusieurs reprises, le Duc de la Ferté, gouverneur français de la Lorraine, exigea des peintures de Georges de la Tour, lequel demandait en échange des impôts prélevés sur une population très pauvre. Georges de la Tour meurt le 30 janvier 1652, et tombe alors dans l’oubli. A tel point que nombre de ses œœuvres sont attribuées à d’autres artistes, tels le Nain, des Caravagesques, ou même Maurice Quentin de Latour, né plus d’un siècle plus tard. Dans les musées qui avaient le privilège d’en posséder, l’étiquette disait indifféremment Guido Reni, Saraceni, Gentileschi, pour les musées proches de l’Italie, Terbrugghen, Honthorst, pour les musées près du Nord, Zurbaran, Velasquez, pour les musées près du Sud. Autrement dit, son œuvre était complètement répandue aux azimuts de l’histoire de l’art. C’est véritablement un cas extraordinaire d’exil total, absolu. Jusqu’à ce qu’un érudit allemand le ressuscite en 1905, en rapprochant trois toiles mystérieuses. Le feuilleton de la résurrection commence alors, doublé d’une chasse au trésor alléchante, car peu à peu, on trouve des « La Tour » dans les lieux les plus fous, et aujourd’hui, on ne connaît encore qu’une quarantaine de tableaux sur les trois cents probables.
En 1915, l’historien Hermann Voss attribue deux toiles du musée de Nantes à Georges du Mesnil de La Tour.
En 1922, un historien d’art de génie, Louis Demonts, est frappé de voir dans les musées de la province française, à Nantes, Epinal et Rennes surtout, des tableaux qui, très visiblement, appartiennent à la même main.
En 1926, un collectionneur, Pierre Landry, achète « Le tricheur ». En le nettoyant, il trouve la signature !
En 1934, treize œuvres de Georges de La Tour à l’Orangerie à Paris. Il est enfin reconnu et la recherche de ses œœuvres perdues commence …

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La-Diseuse-de-bonne-aventure-1635

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Hyacinthe Rigaud

Né le 18 juillet 1659 à Perpignan en France. Décédé le 29 décembre 1743 à Paris. Le jeune Rigaud eut très rapidement un don inné pour la peinture. Petit-fils de peintres-doreurs en Roussillon, formé dans l’’atelier paternel de tailleur d’habits, Hyacinthe Rigaud se perfectionne auprès d’’Antoine Ranc à Montpellier dans les années 1671, avant de gagner Lyon  quatre ans plus tard. C’’est dans ces deux cités qu’’il se familiarise avec la peinture flamande, hollandaise et italienne, celle des Rubens, Van Dyck, Rembrandt ou Titien, dont il collectionne plus tard les œœuvres. Il partit faire quelques années d’études à Montpellier dans le but de parfaire ses quelques connaissances, puis monta sur Paris. Il acquit rapidement une réputation de portraitiste au sein de la haute bourgeoisie, ce qui l’amena tout naturellement à intégrer la cour du roi pour travailler dans son entourage. Les raisons de son succès furent qu’il sût comprendre les désirs de ses modèles, la mode étant aux grands tableaux décrivant des personnages expressifs avant tout. Sa notoriété allant croissant, il eut comme clients de nombreux ambassadeurs et autres personnes d’influence. Il atteint le sommet de son succès avec le portrait de Louis XIV en 1701 devenu célèbre par son panache. Il est considéré comme l’’un des plus célèbres portraitistes français de la période classique.

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Une réflexion au sujet de « La peinture Académique (1.le Classicisme : première partie) »

  1. Très intéressant, en fait, le classicisme reprend le relais de la période du « cinquecento »

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